Cet article explore les instruments de musique emblématiques de la capoeira, une forme d'art martiaux et de danse d'origine brésilienne. Nous découvrirons le rôle essentiel du berimbau, ainsi que les autres instruments qui contribuent à créer l'ambiance rythmique et musicale si particulière de la capoeira.
Le berimbau : l'âme de la capoeira
Le berimbau est l'instrument emblématique de la capoeira, art martial afro-brésilien qui allie danse, musique et combat. Véritable âme de cet art, le berimbau rythme le jeu des capoeiristes et détermine l'ambiance de la roda, le cercle dans lequel se déroule la capoeira.
Anatomie du berimbau
Le berimbau est composé de plusieurs éléments clés :
La verga : un arc en bois flexible, généralement du biriba ou du bois de Massaranduba, mesurant entre 1,20 m et 1,60 m.
L'arame : un fil d'acier tendu entre les extrémités de la verga, traditionnellement issu de pneus de voiture recyclés.
La cabaça : une calebasse séchée et évidée, fixée à la base de l'arc, servant de caisse de résonance.
La baqueta : une baguette en bois d'environ 40 cm, utilisée pour frapper l'arame.
Le caxixi : un hochet en vannerie contenant des graines, tenu dans la main qui frappe la baqueta pour enrichir le rythme.
Le dobrão : une pièce de monnaie ou une pierre, pressée contre l'arame pour modifier la hauteur du son.
Origines du berimbau
Le berimbau trouve ses racines en Afrique, notamment chez les peuples Kambas. Introduit au Brésil par les esclaves africains, il s'est progressivement intégré à la capoeira au début du XXe siècle. Auparavant utilisé par les mendiants et les marchands ambulants, le berimbau est devenu indissociable de cet art martial.
Les trois types de berimbau
Il existe trois types de berimbau, chacun jouant un rôle spécifique dans la roda :
Le Gunga ou Berra-boi : le plus grand et au son le plus grave, il maintient le rythme de base.
Le Médio : de taille et de tonalité intermédiaires, il complète le rythme du Gunga.
Le Viola ou Violinha : le plus petit et au son le plus aigu, il improvise et enrichit la mélodie.
Sons et rythmes du berimbau
Le berimbau produit trois sons principaux : le son ouvert (cabaça éloignée du corps), le son fermé (cabaça contre le ventre) et le son métallique (dobrão pressé contre l'arame). La combinaison de ces sons crée des rythmes appelés toques, qui déterminent le style de jeu dans la roda. Parmi les toques les plus connus, on trouve le São Bento Grande de Angola, au rythme lent et envoûtant, et l'Angola, favorisant un jeu au sol et rusé.
"Le berimbau est le maître de la roda. C'est lui qui commande le jeu, qui indique le rythme à suivre et l'énergie à déployer."
- Mestre Pastinha, figure emblématique de la capoeira Angola
Véritable chef d'orchestre de la roda, le berimbau insuffle son âme à la capoeira, guidant les mouvements des joueurs et créant une symbiose entre musique et combat. Maîtriser cet instrument est un art en soi, transmis de génération en génération au sein des groupes de capoeira.
Les autres instruments de la capoeira
En plus du berimbau, instrument emblématique de la capoeira, d'autres instruments de percussion jouent un rôle essentiel dans l'accompagnement musical des rodas. Parmi eux, on retrouve le pandeiro, l'atabaque, l'agogô et le reco-reco, qui apportent chacun leur touche unique à la musique de la capoeira.
Le Pandeiro
Le pandeiro est un petit tambour sur cadre, similaire à un tambourin, recouvert d'une fine peau animale ou synthétique. Sa particularité réside dans les petites cymbales métalliques disposées sur sa circonférence, lui conférant un son cristallin caractéristique. Originaire du Moyen-Orient, le pandeiro a été introduit au Brésil par les Portugais dès le Moyen-Âge.
Dans la capoeira, le pandeiro accompagne le rythme du berimbau, le soulignant et l'enrichissant de ses sonorités variées. Percuté avec les mains, les coudes, les genoux, voire les pieds, cet instrument offre une grande diversité de timbres, allant des graves aux aigus. Le pandeirista expérimenté saura jouer de cette palette sonore pour dynamiser la roda.
L'Atabaque
L'atabaque est un tambour conique ouvert aux deux extrémités, dont la peau animale est tendue par un système de cordes. Fabriqué en bois noble comme le jacaranda, il existe en trois tailles correspondant à des registres sonores distincts : le rum (grave), le rumpi (médium) et le lê (aigu). Son origine remonte à l'antiquité perse et arabe, avant d'être popularisé au Brésil par les Portugais lors de fêtes religieuses.
Au sein de la roda de capoeira, l'atabaque apporte une base rythmique puissante et profonde. Joué avec les mains nues, il ponctue le jeu des capoeiristes de ses frappes tantôt sourdes, tantôt claquantes. L'atabaqueiro (joueur d'atabaque) doit faire preuve d'une grande maîtrise technique pour tirer le meilleur de cet instrument sacré.
L'Agogô
L'agogô se compose de deux ou plusieurs cloches métalliques de tailles différentes, reliées entre elles. Percuté à l'aide d'une baguette en bois ou en métal, il produit des notes claires et perçantes qui contrastent avec les sons plus graves des autres instruments. Hérité des traditions africaines, l'agogô rythme de nombreuses manifestations culturelles brésiliennes.
Dans la capoeira, l'agogô a pour fonction de marquer le tempo et de guider l'ensemble des percussions. Ses interventions ponctuelles, en question-réponse avec le berimbau, insufflent une énergie communicative à la roda. Malgré sa taille modeste, l'agogô joue un rôle clé dans l'équilibre musical de la capoeira.
Le Reco-reco
Le reco-reco, aussi appelé "râpe à musique", consiste en un morceau de bambou ou de bois strié sur lequel on frotte une baguette. Les entailles régulières pratiquées sur sa surface permettent de produire un son "gratté" très reconnaissable, oscillant entre l'aigu et le medium. Bien que d'apparence rudimentaire, le reco-reco demande une technique précise pour en tirer des motifs rythmiques élaborés.
Au cœur de la roda, le reco-reco apporte une couleur sonore unique, tel un contrepoint au berimbau et aux autres percussions. Ses interventions créent une trame rythmique hypnotique qui soutient le jeu des capoeiristes. Malgré son volume sonore plus discret, le reco-reco reste un élément indispensable de l'orchestre traditionnel de la capoeira.
La diversité des instruments dans les styles de capoeira
Les instruments de musique jouent un rôle central dans la capoeira, apportant rythme et énergie aux rodas. Cependant, la composition instrumentale peut varier selon le style de capoeira pratiqué, reflétant les différentes traditions et philosophies des écoles.
Les instruments de la Capoeira Angola
Dans la Capoeira Angola, considérée comme la forme la plus traditionnelle, on retrouve généralement une plus grande diversité d'instruments. La présence de trois berimbaus est caractéristique :
Le Berimbau Gunga, au son grave et puissant, qui guide le rythme
Le Berimbau Médio, au son médium, qui complète le Gunga
Le Berimbau Viola, au son aigu, qui apporte des variations mélodiques
En plus des berimbaus, d'autres instruments viennent enrichir la musique :
Un ou deux pandeiros (tambourins)
Un atabaque (tambour conique)
Un agogô (cloche double)
Un reco-reco (râpe à percussion)
Les instruments de la Capoeira Regional
La Capoeira Regional, développée par Mestre Bimba dans les années 1930, se distingue par une approche plus sportive et une musique souvent plus minimaliste. Une formation instrumentale typique comprend :
Un berimbau (généralement le Gunga)
Deux pandeiros
Flexibilité et traditions des écoles
Il est important de noter que le choix des instruments peut varier selon les préférences et les traditions de chaque maître et école de capoeira. Certains ne font pas de distinction stricte entre les styles, d'autres insistent sur la présence des trois berimbaus, tandis que d'autres s'adaptent en fonction du contexte.
Cette flexibilité témoigne de la richesse et de la diversité de la capoeira, où chaque groupe apporte sa propre couleur musicale tout en respectant l'essence de cet art martial afro-brésilien.
L'importance des chants et du rythme dans la capoeira
Les chants et le rythme sont des éléments fondamentaux de la capoeira, cet art martial brésilien qui mêle danse, acrobaties et musique. Ils jouent un rôle central dans la transmission de l'histoire et de la culture de la capoeira, tout en guidant le jeu des capoeiristes dans la roda.
Les chants : gardiens de l'histoire et de la tradition
Dans la capoeira, les chants occupent une place prépondérante. Ils se divisent en deux catégories principales : la ladainha et les corridos. La ladainha, chantée au début de la roda, raconte une histoire, souvent liée à l'esclavage et aux souffrances endurées par les noirs. Elle évoque également les héros et les capoeiristes légendaires qui ont marqué l'histoire de cet art martial.
Les corridos, quant à eux, sont des chants plus courts et plus rythmés qui animent la roda. Leurs paroles font référence au quotidien, à ce qui se passe dans la roda ou encore aux attentes des capoeiristes. Ces chants sont répétés en boucle, créant une atmosphère envoûtante et stimulante pour les joueurs.
"Eu já plantei café, eu já plantei caná, agora eu sou da capoeira, eu não planto mais nada."
Corrido traditionnel de capoeira
Ce corrido, qui signifie "J'ai déjà planté du café, j'ai déjà planté de la canne à sucre, maintenant je suis de la capoeira, je ne plante plus rien", illustre le passé agricole des esclaves et leur émancipation à travers la capoeira.
Le rythme : moteur du jeu des capoeiristes
Le rythme, dicté par les instruments tels que le berimbau, le pandeiro, l'atabaque, l'agogô et le reco-reco, est le véritable moteur du jeu des capoeiristes dans la roda. Chaque toque (rythme) du berimbau appelle un type de jeu spécifique, influençant directement les mouvements et l'intensité des échanges entre les joueurs.
Le toque de Angola invite à un jeu lent, rusé et proche du sol.
Le São Bento Grande favorise un jeu rapide, explosif et spectaculaire.
Le toque de Iúna, réservé aux maîtres, se caractérise par un jeu technique et élégant.
Ainsi, la maîtrise des différents toques et la compréhension de leur influence sur le jeu font partie intégrante de l'apprentissage de la capoeira. Les capoeiristes doivent être à l'écoute de la musique pour adapter leur style et leurs mouvements en conséquence.
La symbiose entre chants, rythme et jeu
Dans la roda de capoeira, les chants, le rythme et le jeu des capoeiristes forment une symbiose parfaite. Les chants racontent l'histoire et transmettent les valeurs de la capoeira, tandis que le rythme guide l'intensité et le style du jeu. Les capoeiristes, en harmonie avec cette musique, expriment toute la richesse de leur art à travers leurs mouvements et leur interaction dans la roda.
L'essentiel à retenir sur les instruments de la capoeira
Les instruments de musique jouent un rôle fondamental dans la pratique de la capoeira. Le berimbau, considéré comme l'âme de la capoeira, dicte le rythme et l'intensité du jeu, tandis que les pandeiros, atabaques, agogôs et reco-recos apportent une riche dimension musicale. Cette diversité instrumentale reflète l'héritage culturel et les traditions de la capoeira, qui continuent d'évoluer et de se transmettre de génération en génération. La maîtrise de ces instruments demeure un élément clé pour préserver l'authenticité et la beauté de cet art martial et musical unique.
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